La meneuse blanche regardait fixement les petits Bipèdes qui jouaient à côté du camp ; elle était prête à les attaquer aussitôt si jamais ils étaient trop près. La saison des feuilles nouvelles avait beau être là, le danger des Bipèdes devenait encore plus grand malgré les proies plus abondantes. Etoile Printanière savait très bien que la saison prochaine serait encore pire, mais ils en avaient bien besoin s'ils ne voulaient pas mourir de faim. Son clan avait été au plus mal, pendant la saison des neiges - comme tout les clans, par ailleurs - et la meneuse était plus qu'heureuse que tout aille mieux. Cela lui brisait le cœur de voir ses féroces guerriers terriblement amaigris. Pourtant, elle n'appréciait pas le nombre de Bipèdes qui abondait à présent. C'était ... Dommage pour elle. Mais, les miettes de leurs repas apportaient de nombreux volatiles, qui de plus est, baissait leur garde. Les pigeons surtout, profitaient de cette nourriture. Ils étaient gras, mais dur à attraper en groupe. Avec leur bec pointu, ils attaquaient les félins seuls ou s'enfuyait face à une grosse patrouille. De plus, ils donnaient parfois des maladies mortelles aux félins qui les mangeaient. La cheffe préférait donc éviter de les chasser et ordonnait aux membres de son clan de faire de même. C'était inutile de se remplir le ventre avec quelque chose qui tuait plus vite que la famine.

Un bruit de pas alerta la chef, qui concentra de nouveau son attention sur les Bipèdes. Elle vit cette fois-ci un adulte, qui ordonna aux plus petits de les suivre. Soulagée, la meneuse sortit de sa cachette et alla voir le reste du clan. Tous paraissaient aller bien même si la chatte blanche savait très bien que les nombreuses alertes sur les Bipèdes les fatiguaient. La meneuse sourit en voyant des chatons sortir de la Pouponnière et se poursuivre entre les buissons. Les apprentis et les guerriers qui étaient resté au camp jusqu'à présent, sortaient maintenant de leur tanière et partaient à leurs activités. De son côté, Etoile Printanière aurait bien voulu regarder les frontières pour s'assurer que tout aille bien. Quelques apprentis avaient prétendu avoir vu des chiens. La meneuse ne savait pas si leurs paroles étaient vrai, mais elle préférait en avoir le cœur net. En apercevant la fourrure rousse de sa lieutenante, elle alla rapidement la voir.

- Bonjour, Plume du Soleil. Tout va bien ? commença-t-elle. Puis elle entra vite dans le vif du sujet. Il faut faire un tour du territoire pour s'assurer qu'il n'y a aucun problème. Tu m'accompagne ? Avoir un guerrier confirmé à ses côtés aide toujours.

La meneuse ne voulait pas spécialement la flatter, mais connaissant le caractère solitaire de sa lieutenante, elle préférait lui donner la motivation de l'accompagner. Sa camarade était idéale pour cette mission dans tous les points. Sa non-envie de discuter ne les déconcentreraient pas de leur tâche principal. Malgré les quelques lunes, qu'elles avaient passé à diriger le clan ensemble, la meneuse ne connaissait presque pas sa lieutenante et cela la désolait. Savoir des choses sur quelqu'un aidait à connaitre et connaitre permettait de mieux agir en groupe.

Attendant la réponse de sa lieutenante, la féline blanche continua sa route. Dans les yeux de Plume du Soleil, elle vit briller différentes émotions. Comme du mépris envers les apprentis sans aucun doute et l'excitation contre les chiens. La cheffe espérait que la chatte rousse ne se laisserait pas trop diriger par ses émotions et qu'elle combattrait en véritable guerrière valeureuse du Clan du Tonnerre. Etoile Printanière voulait être fière de celle qu'elle avait choisi à sa suite. En voyant apparaitre un sourire effrayant sur la tête de sa camarade, la féline rousse se demanda si cette mission serait si facile que ça. En commettant une imprudence face à un chien, on pouvait facilement perdre la vie. La sale bête n'hésitait pas à tuer toutes les proies faciles.

" ... Ils ont intérêt qui ne mentent pas, sinon ça va barder pour eux. Si ils nous ont font perdre notre temps pour des mensonges.. Désolée... En tout cas, si il y a vraiment des chiens... Je me ferais un plaisir de les tu-chasser, n'ayez crainte. "

La meneuse blanche hocha la tête. Puis interrompant la conversation, elle recommença à marcher très vite. L'endroit où les apprentis avaient vu les chiens se rapprochait de plus en plus. En ce concentrant, elle arrivait même à entendre leurs aboiements. Ainsi, les apprentis disaient vrai. Ils avaient eu raison de la forcer à faire cette patrouille. Sans cela, leurs ennemis héréditaires auraient fait de sacrés dégâts. Pourtant, les cris qu'ils poussaient lui semblait légèrement trop aigus. Elle n'hésita quand même pas à franchir à la vitesse de l'éclair le buisson qui les séparait et à sauter sur l'odeur la plus proche. Elle fut déséquilibrée par la taille de son adversaire. A peine plus gros qu'un petit chaton de 4 lunes, il la regardait en poussant des jappements aigus et en essayant de la mordre. Furieuse, elle lui laboura la truffe et elle le vit se rouler par terre en gémissant.

- C'est ... ! C'est une blague ?!? Qu'est-ce qu'on fait d'eux ? articula-t-elle, furieuse envers les novices.

Elle avait presque honte pour la horde de cinq minuscule chiens aux aboiements stridents. Ça ne faisait aucun doute que les Bipèdes les avaient abandonné. Mais, en les laissant là, les proies dans les environs partiraient, affolées. Mais, la meneuse n'arrivait pas à se résoudre de les chasser vers la Ville. Ses pauvres bêtes se feraient capturés et elle ne souhaitait ça pour personne.